Ses débuts
Cassius Clay est né le 17 janvier 1942 à Louisville dans l'État du Kentucky. C'est en allant déclarer le vol de son vélo, à 12 ans, qu'il fait la connaissance de Joe Martin, policier et entraîneur de boxe local. Martin encouragea le jeune Cassius à apprendre la boxe et l'aida à progresser rapidement.
Si les résultats scolaires de Clay étaient mauvais, ses performances sportives étaient remarquables : encore au lycée, il remporte 6 Kentucky Gold Glove, qui lui permettent d'obtenir son diplôme malgré des notes médiocres. De manière prémonitoire, le principal annonça lors de la délibération concernant la remise de son diplôme de fin d'étude, que Clay serait un jour « la chance de célébrité de cette école ».
Nettement plus rapide et talentueux que ses adversaires, il les dominait largement. Il avait confiance en ses moyens et disait souvent qu'il était fort et que nul ne pouvait le battre. Le public qui l'a vu boxer à l'émission « Tomorrow's Champion » n'aimait pas cet air de confiance et d'arrogance.
À 18 ans, il avait gagné tous les titres possibles chez les amateurs. Pour le « National Golden Gloves », il a livré un combat des plus relevé. Son adversaire, un champion noir de l'armée américaine du nom d'Allen Hudson, l'a envoyé au premier round au tapis. Cependant, Cassius ne s'est pas laissé abattre. Il s'est relevé et a répliqué à son opposant en gagnant au troisième round par knock-out technique.
Cette victoire lui a donné son droit d'entrée pour les Jeux olympiques d'été de Rome (1960). Devant les Romains, il a remporté la médaille d'or dans la catégorie des lourds-légers. Il ne restait plus qu'une chose à faire pour Cassius, faire le bond chez les professionnels.

Ses débuts en tant que professionnel
Il devient professionnel après les Jeux Olympiques de Rome sous la tutelle de la légende de la boxe Angelo Dundee et se fait rapidement connaître pour son style peu orthodoxe, ses résultats spectaculaires et son auto-promotion incessante. Il se fait connaître sous le surnom de « Louisville Lip » (la lèvre de Louisville) en composant des poèmes prédisant à quelle reprise il mettrait son adversaire KO. Il n'hésitait pas à claironner ses propres louanges avec des phrases telles que « Je suis le plus grand » ou « Je suis jeune, je suis mignon et je suis totalement imbattable ».
C'est l'année 1963 qui ouvrira au futur Ali la voie jusqu'au titre de champion. Il gagne au point avec difficulté contre Doug Jones dans ce qui va devenir (à tort semble-t-il) le combat de l'année et fait à nouveau parler de lui en obligeant l'arbitre à arrêter son combat contre Henry Cooper pour blessure au 5e round. Cooper avait au round précédent envoyé Clay à terre pour la première fois de sa carrière. Nommé boxeur de l'année 1963 c'est presque naturellement que Clay devient l'adversaire du champion du monde Sonny Liston, mais avec seulement 19 victoires dont 15 KO et aucune défaite, il semble peu probable que le boxeur de Louisville parvienne à vaincre un boxeur jugé invincible.

Son premier titre de champion du monde
Le 25 février 1964 à Miami, le public s'attend à une formalité pour le tenant du titre. À la surprise générale Liston se retrouvera dominé par un Clay énergique qui se servira de sa rapidité et de son jeu de jambes parfait avec brio, imposant son style à un champion furieux qui ne trouvera pas de solutions.
Cassius emporta ainsi son premier titre.

Cassius Clay devient Mohamed Ali
Le 26 février 1964, il devint également célèbre pour des raisons dépassant le domaine sportif : il rejoint la Nation de l'Islam et change son nom en Cassius X, en hommage à son mentor et ami Malcom X qui fut aussi le seul membre de la nation d'islam à le soutenir avant son premier combat contre Liston (Malcom X à d'ailleurs assisté au premier combat) puis il reçoit le nom de Mohamed Ali de la part d'Elijah Muhammad chef du mouvement.
Une lutte de pouvoir s'engagera autour d'Ali entre Elijah et Malcom X. Finalement Ali tournera le dos publiquement à Malcom lors d'un voyage au Nigéria en 1964 et sera managé par Herbert Muhammad le propre fils d'Elijah. La notoriété du boxeur profitera à la Nation d'Islam.
Ali se rendra en Égypte en 1964 et sera accueilli par Gamal Abdel Nasser comme l'ambassadeur de la communauté noire aux USA. Par la suite, Ali regrettera de s'être séparé de Malcom X (assassiné en 1965) et prendra ses distances avec la Nation d'Islam.

Champion incontesté
Du 25 février 1964 au 20 juin 1967 Ali dominera incontestablement la catégorie des lourds comme Joe Louis et Rocky Marciano avant lui. Alors que traditionnellement le champion fait deux combats par an, Ali lui en accomplira 5 en 1966.
Il envoie au tapis des combattants de tous les pays :
Canada, Angleterre, Allemagne,...

Ses déboires avec la fédération et l'armée
La fédération WBA qui n'apprécie pas les positions politiques d'Ali, prend prétexte de l'illégalité de son combat revanche contre Liston sans son accord pour lui retirer sa ceinture et sacrer Ernie Terrel champion du monde. Le titre est pour la première fois divisé. Ali reste cependant le champion incontesté et conserve sa ceinture WBC. Il récupérera le titre WBA le 6 février 1967 dans un combat de réunification à Houston contre Ernie Terrel. Ali regagnera aisément son titre mais ne parviendra pas à briser Terrel qui, la garde haute, tiendra jusqu'au bout des 15 rounds. Le 6 mars, Ali met KO Zora Folley, un puncher jugé dangereux pour le champion.
Ses problèmes judiciaires à propos de son incorporation dans l'armée américaine l'empêchent de participer à un autre championnat du monde. Il ne peut qu'accomplir une exhibition à Detroit le 15 juin. C'est sa dernière apparition sur le ring avant 1970.
En 1966, il refuse de servir dans l'armée américaine engagée dans la Guerre du Viêt Nam et devient objecteur de conscience argumentant qu'il n'a « rien contre le Viet-Cong » et qu'« aucun vietnamien ne m'a jamais traité de nègre » (cette seconde citation, souvent avancée, serait en fait fausse). Le 28 avril 1967 il refuse symboliquement l'incorporation dans un centre de recrutement. Le 8 mai il passe en justice. Le 20 juin il est condamné à une amende de 10 000 dollars et à 5 ans d'emprisonnement, il perd sa licence de boxe et son titre. Ali fait appel il n'ira pas en prison mais aura des problèmes financiers jusqu'à ce que son affaire soit résolue par la Cour Suprême en 1971.
Les prises de position d'Ali contre le service militaire ou son entrée dans l'Islam le transforment d'un champion fier mais populaire en l'une des personnalités les plus connues et controversées de son époque. Ses apparitions publiques aux côtés des leaders de la Nation de l'Islam Elijah Muhammad et de Malcolm X ainsi que ses déclarations d'allégeance à leur cause au moment où l'opinion américaine les considère avec circonspection, quand ce n'est pas avec franche hostilité, font également d'Ali une cible d'indignation et de suspicion. Il paraît même parfois provoquer de telles réactions en soutenant des opinions allant du support aux Droits civiques jusqu'au soutien sans réserve à la lutte contre la ségrégation raciale.

Son retour manqué
En 1970, Ali renonce officiellement à son titre, permettant à Joe Frazier nouvelle étoile montante de la catégorie de réunifier le titre au dépend de Jimmy Ellis. Il récupère alors sa licence de boxe et reprend sa carrière.
Ali en affrontant Joe Frazier prenait le risque de se mesurer à un boxeur de très haut niveau après 3 ans d'absence des rings. Très attendu et médiatisé, ce combat sera surnommé un peu vite "le combat du siècle" Premier championnat du monde entre deux champions invaincus et totalement opposés dans un style que chacun maîtrise à la perfection, il sera le premier de ces super-affrontements qui marqueront l'apogée de la boxe dans les années 1970.
Débutant le 8 mars 1971 dans le célèbre Madison Square Garden de New York, cet affrontement verra la première défaite d'Ali.

La reconquête des titres
Après s'être remis de sa défaite, Ali pour revenir au sommet de la catégorie accomplira 14 combats et 39 combats d'exhibition entre le 25 juin 1971 et le 30 octobre 1974. Le but était de revenir au plus haut niveau par une activité pugilistique intense et d'engranger assez de victoire pour être désigné challenger n° 1 mondial.
Durant cette période Ali affrontera les meilleurs boxeurs américains pour le titre de champion d'Amérique du Nord Par ailleurs, Ali boxera autour du monde : des combats à Zurich, Tokyo, Vancouver, Dublin et Jakarta et des exhibitions à Caracas, Buenos Aires ou Barcelone.
En 1973, Joe Frazier est détruit en 2 rounds et va au tapis à 6 reprises contre George Foreman, terrible colosse et nouveau roi des lourds. Le 31 mars à San Diego contre Ken Norton Ali blessé à la mâchoire, perdit pour la deuxième fois de sa carrière. Ali se retrouve avec un 3e boxeur coriace à vaincre pour retrouver le sommet.
Ali choisit d'affronter ces 3 boxeurs du plus "facile" au plus "dur" : Norton en 1973, Frazier en 74.
Il ne reste qu'à Ali le plus dur pour la fin : reprendre le titre à George Foreman, impitoyable puncher invaincu en 40 combats dont 37 par KO. Ali a peu de chance de venir à bout de Foreman qui de façon expéditive et brutale a gagné contre Frazier et Norton, les deux seuls hommes à avoir vaincu Ali. Étudiant avec soin le style de Foreman il trouvera son point faible : la fatigue.
Ali parcourra la capitale et le bord du fleuve Congo en courant pour renforcer son endurance sous les acclamations du public, alors que Foreman se contentera de s'entraîner en frappant au sac et en martyrisant ses sparrings partners. Ali s'entraînera à encaisser des coups violents avec son ami Larry Holmes et lancera une opération de désinformation envers Foreman en faisant croire à tout le monde qu'il allait vaincre par sa vitesse et sa mobilité. Ali devint rapidement le favori de la foule de Kinshasa pour son action envers la cause des noirs, ce qui vexera Foreman.
Le 30 octobre 1974, a Kinshasa au Zaïre, au 8eme round, après avoir épuisé Foreman, Ali l'emporta avant la fin du combat. Ali avait ainsi repris son titre dix ans après son premier combat contre Liston. Ce fut sa plus grande victoire tactique qui fut récompensée comme Combat de l'Année et Ali fut nommé une fois de plus Boxeur de l'Année. Il a également reçu la Hickok Belt de 1974 récompensant le meilleur athlète professionnel de l'année, ainsi que le trophée du sportif de l'année du magazine Sports Illustrated.

La fin du champion
En 1975 et 1976, Ali fera 4 combats par an, toujours dans le souci de se maintenir au plus haut niveau. En 1977 et 1978, vieillissant il retournera au rythme "habituel" des champions de deux combats par an. En 1975 il sera à nouveau Boxeur de l'année et atteindra son apogée par sa troisième rencontre contre son éternel rival Joe Frazier (de nouveau élu Combat de l'Année) cependant, les quatre adversaires qu'il rencontrera en 1975 réussiront tous à l'ébranler à leur façon.
En 1977 Ali réussit à conserver son titre contre Alfredo Evangelista et Ernie Shavers qui le malmena particulièrement. Ali, trop préoccupé à perdre du poids ne se concentre plus sur son entraînement.
Il perdit son titre finalement à 36 ans contre le champion olympique de 1976, Leon Spinks, dont c'était seulement le huitième combat professionnel. Il gagna la revanche comme à son habitude devenant ainsi champion du monde poids lourds pour la troisième fois. Voyant son déclin athlétique, il prit sa retraite le 27 juin 1979.
Le 2 octobre 1980, à la recherche d'un nouveau record en tant que seul boxeur à gagner le titre en poids lourds quatre fois, Ali perdit avant la limite pour la seule fois de sa vie.

Sa maladie et sa vie après la boxe
On diagnostiqua qu'Ali était atteint de la maladie de Parkinson en 1982 ; par la suite, ses fonctions motrices commencèrent à décliner lentement. Malgré cela, il demeure un héros pour des millions de personnes dans le monde.
Sa conversion officielle à l'Islam et sa prise de distance avec l'historique Nation of Islam explique en partie son retour en grâce aux États-Unis où il fut accueillit à la maison blanche par Gerald Ford et médaillé par George W Bush.
En 1985, on lui demanda de négocier la libération de ses compatriotes kidnappés au Liban ; en 1996, c'est lui qui alluma la flamme olympique à Atlanta. Durant les même olympiades, on lui offrit également une médaille d'or pour remplacer celle qu'il avait gagnée en 1960 et qu'il avait jetée dans l'Ohio parce qu'on avait refusé de le servir dans un restaurant à cause de sa couleur.
